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l'oral et l'écrit

9 janvier 2021

Occitanie et Gascogne (3-b)

09 janvier 2021 

 Occitanie et Gascogne (3)

Philologie d'Orient et d'Occident (465) le 09/01, 21 Tokyo K.

Le Sud-Ouest de la France (3) Occitanie et Gascogne

La Guyenne linguistique et onomastique

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Camélia et Prunier en éclosion (Tokyo, Shibuya, photo Kyoko K.)

   I a totjorn avut, e I aura totjorn à Leitora, un Ome Verd, que guarda los ausèths, e qu’es lo mèstre de totas bèstias volairas. L’Ome Verd hè pas mau en degun e vòu pas mau en degun. L’an pas jamès vist minjar ni béver. Gaireben totjorn, viu amagat. Qu se hè véser, l’Ome Verd causis totjorn un endret on digun pòt pas l’atrapar. Ei conegut de vièlhas gents que l’avèvan avisat mès d’un còp suus Ròcs deus Bohèmis e suus de l’Espitau. Quan èri petit, disèvan desjà que l’Ome Verd se muishava pas tan soent coma bèth temps a. Pr’aquò l’ei vist dus còps, e me brembi de tot.

   Un ser mon praube pair (Diu lo perdone !), avèva afars au Pont de Pila. – Mainat, ça medigoc eth, vas vénguer dambe jo. Benlèu, en passar devath los Ròcs de l’Espitau, veiram l’Ome Verd, que guarda los ausèths, e qu’es lo mèstre de totas bèstias volairas.

   Partiscom, sus las quate oras deu ser. Lo temps èra fòrt bèth. Devath los Ròcs de l’Espitau, mon praube pair s’estanquèc, e me digoc : - Espia. Hascoi çò que mon praube pair me comandava, e vescoi l’Ome Verd, que quarda los ausèths, e qu’es lo mèstre de totas bèstias volairas. Era setut au cim d’ua vièlha murralha de la vila. L’Ome Verd disèva pas arren. Mès bolegava lo braç dret, coma un semoaire qu’escampa blat. - Bonser, Ome Verd, digoc mon praube pair. – Bonser, pair Casaus. Bonser, petit Casaus. Passèm. Vint passis mès enlà, me revirèi. L’Ome Verd n’èra pas mès aquiu. (Passage emprunté, sous la permission de Pierre Bec, ancien président de l’I. E. O, dans notre Gascon Moderne : Tokyo, Daigaku-shorin 1988, - aux Contes de Gasconha, J-F Bladèr, I.E.O 1976)

   Il y a toujours eu, et il y aura toujours à Lectoure, un Homme Vert (Dans cette traduction, la répétition épithétique est ôtée). L’Homme Vert ne fait ni ne veut de mal à personne. On ne l’a jamais vu manger ni boire. Presque toujours, il vit caché. Quand il se fait voir, l’Homme Vert choisis toujours un endroit où personne ne peut l’atteindre. J’ai connu de vieilles gents qui l’avaient vu plus d’une fois sur les Rocs des Bohémiens et sur ceux de l’Hospice. Quand j’étais petit, on disait déjà que l’Homme Vert ne se montrait pas aussi souvent qu’autrefois. Cependant je l’ai vu deux fois, et je me souviens de tout.

   Un soir mon pauvre père (Dieu lui pardonne !), avait affaire au Pont de Pîle. -Enfant, me dit-il, tu vas venir avec moi. Peut-être, en passant sous les Rocs de l’Hospice, nous verrons l’Homme Vert ().

   Nous partîmes, sur les quatre heures du soir. Le temps était superbe. Sous les Rocs de l’Hospice, mon pauvre père s’arrêta et me dit : - Regarde. Je fis ce que mon pauvre père me commandait, et vis l’Homme Vert (). Il était assis au sommet d’une vieille muraille de la ville. L’homme vert disait rien. Il agitait cependant le bras droit, comme un semeur qui répand du blé. – Bonsoir, Homme Vert, dit mon pauvre père. -Bonsoir, Homme Vert, dis-je aussi. L’Homme Vert nous regarda, du sommet immobile de la vieille muraille, et répondit : Bonsoir, père Casaux, Bonsoir, petit Casaux.

Nous passâmes. Vingt pas plus loin, je me retournai. L’Homme Vert n’était plus là.

   ......

   La ville de Lectoure où se passa cette scène se situe dans le département du Gers en Guyenne, ancienne province de France (=Aquitaine < lat. Aquitania). La ville se trouve pile à mi-chemin d'Agen (Lot-et-Garonne) et Auch (Gers), distante de 70 km, à cheval sur Gascogne et sur Guyenne. Dans cette dernière région occitane, on parlait une autre langue d’Oc que le gascon. La frontière linguistique entre Gascogne et Occitanie n’est donc pas évidente, la langue gasconne étant aussi une langue d’Oc.

   Les langues d’Oc en général se caractérisent plutôt par ce qui les rapproche des langues des pays limitrophes que par ce qui les distingue de la Langue du Nord: le français. La langue gasconne se rapproche de l’espagnol (< Vasconia); le provençal, langue d’Oc également, de l’italien (< provenzale). (À suivre).  

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